Les images résonnent parfois en une cascade de mots... le pinceau devient alors plume et le verbe couleur...

Esquisses des temps d'avant


Hyper-mammouth

 

Le troupeau fuit, la terre tremble,

Ils sont montés depuis une combe

Jusqu'à ce plateau aride et désolé,

De vagues en remous ils grondent,

S'affolent et s'en vont harassés,

Vers le ravin où las, pourchassés,

Ils finiront séchés, ciselés,

 Finalement l'hiver sera clément.


Chasse assassine

 

L'être aux jambes arquées

A déjà compris,

Que par la mort

Il forge leurs vies.

La mort pour lui

Se nomme espoir...


Fin de Sylvilisation

 

De branches en fûts et d'arbres en lianes,

Des êtres chenus aux corps diaphanes,

Rythment d'un balancier ancestral,

Valse aérienne, festin frugal.

Puis quand paraît l'aube,

A la lisière, près du point d'eau,

Où s'abreuvent buffles et panthères,

Les voilà silencieux, verticaux et inquiets.


Les plus fauves des deux

 

Sabre siffle,

Rugit et mord,

L'ivoire sanglant

Y croit encore.

 

Mais chêne noirci

Fracasse et broie,

Actionné de mille bras

En ce jour il frappe fort.

 

Deux vies perdues.


repas céleste

 

Le caillou siffle, l'air frémit,

Dans le ciel un vol de perdrix,

Bruit mat, volée de plumes,

Le repas est servi.


Et à sang

 

Qu'il soit né du silex,

D'une zébrure céleste,

Du bois ou de l'acier,

Fossoyeur de notre espèce,

Il détruit ou caresse,

Mais jamais est maîtrisé...


Veille de chasse

 

L'homme peint.

Sous ses doigts il lui semble

Sentir le vent, vibrer la fronde,

Et dans la pénombre,

Charbon à la main,

Il trace les espoirs de demain.


Un jour nouveau

 

L'ombre pâlit,

L'aube pointe ses ocres,

Déchire les volutes de la nuit.

Puis l'horizon souligne de vermeil,

La certitude d'austères lendemains.

Près de l'étang la vie s'éveille.


Garde-manger

 

Le vent a parsemé sur la rive

De rares touffes de roseaux,

Maigres abris à passereaux,

Ici on mange les grives.


Nucléus

 

D'un geste millénaire,

Accroupi au tapis d'urus,

Il dévoile en coups secs,

L'outil qu'il a en tête,

Dégage une arête,

Égalise quelques crêtes,

Le travail va bon train.

Puis un geste gauche,

Qu'il pense malheureux,

Embellit soudain

L'objet en ses mains.


Pirogue

 

Une grume effilée

Lisse en son passage

Les eaux obsidiennes

Des sombres marécages.

Sur la rive,

 En frêles clapotis,

les flots viennent mourir

En ivoires blanchis.

Du firmament,

L'onde réfléchit

Le croissant d'or.


Feutres, blanc couvrant et retouches informatique

Sépulture

 

Cou, chevilles et poignets

Éclairent en spirales de nacre,

Un corps ocré, froid réceptacle,

D'une vie rude et bien remplie.

A sa tête une poterie.


 

Éclat d’obsidienne, pierre d’âme,

 Rugueux biface aux arêtes émoussées,

 Rêveur lunaire aux erratiques pensées.

 Exilé de vos vies.

Incessant voyageur.

 Passager sans espoir.

 


A ceux qui restent


Marche de nuit

 

Il erre sur le ballast,

Ombre hallucinée

Aux fêlures de pierre.

 

Croisera-t-il cette nuit

Le regard lumineux

D'un monstre de fer ?

 

Oubliera-t-il enfin

En ces lieux familiers

Les tourments de sa vie ?

 

L'aurore ne le veut point,

Bois-le-Roi devant lui,

Lui redonne espoir.

 

À mon frère Pierre


Ceux qui demeurent

 

Vieillir...

Fuir, s'effacer,

Laisser aux autres

Honneurs, célébrités,

Devenir une présence éthérée,

Doucement s'évaporer, enfin devenir calice,

Être la matrice de souvenirs non lisses

Faits d'images de moires esquisses,

Aux cœurs d'êtres aimés,

Songes imaginés,

Revivre...

À mon oncle Edmond